Le championnat de Suisse s’est terminé hier à une belle 8ème place / 24 concurrents. C’était encore une régate de petit temps qui ne nous a permis de finir uniquement 2 manches en 3 jours, pas assez pour décerner un titre de champion de Suisse…
En effet nous avons attendu le vent la majeure partie du temps dans cet endroit sublime qu’est le lac de Thun. Le lac turquoise perché entre sommets enneigés et petits villages typiques des alpages avec les jolies églises sur les rives vertes est vraiment magnifique. Petit bémol pour nous autres fous de vitesse, la présence en grande quantité de bouts de bois flottants, qui défoncent nos foils gentiment… Le village pittoresque de Thun est lui aussi très sympa avec le torrent qui trouve son chemin sous les ponts fleuris. Tellement Suisse, tellement mignon !
Les conditions montagneuses rendent le vent un peu trop erratique et instable. Le premier jour nous avons pu voler mais la manche lancée a été annulée quand le vent est tombé. Le second jour idem avec la troisième manche mais avant cela, le vent du matin nous a permis de faire deux belles manches. De grosses différences de force de vent sur le plan d’eau rendait le jeu ouvert jusqu’au bout.
En effet, en moth la tactique dans le petit temps est très dépendante de la force du vent, exemple : Pour une augmentation de vent de 8 à 11 nœud, la vitesse au portant passe de 15 à 20 nœuds et l’angle de descente s’améliore de 15 degrés, c’est-à-dire qu’il est assez facile de doubler son VMG (sa vitesse de gain par rapport à l’axe du vent) pour une petite augmentation de la force du vent. Si cette différence de vent se situe juste entre 6 et 8 nœuds (la vitesse de vent nécessaire au décollage), alors la différence de vitesse passe alors à un facteur 4. C’est-à-dire que celui qui vole navigue 4 fois plus vite que celui qui flotte. Autant dire que la lecture du plan d’eau est essentielle. D’autant plus qu’au portant, les manœuvres ne coûtent rien en distance vers l’arrivée donc on peut multiplier les empannages pour rester dans la risée sans souci. Là encore il faut réagir vite, dès que l’on sent que l’on sort de la pression il faut envoyer directement la manœuvre sous peine de tomber et ne plus pouvoir re-décoller… Et à ce petit jeu je ne suis pas mauvais, ici comme au mondial je reprends souvent de nombreuses places, surtout qu’en vitesse je n’ai pas de problème au portant. Ça, c’est le gros point positif ! Il faut encore que je travaille ma vitesse au près pour tenir ma place et mes virements pour monter d’un cran dans les classements. Je prends souvent de bons départs mais je vois les autres concurrents me passer facilement en vitesse pure au près. J’ai identifié mes pistes de travail, maintenant il faut juste passer du temps sur l’eau.
Autre satisfaction, c’est l’ambiance saine et amicale de la classe Moth qui permet d’échanger, de comprendre et de tirer tout le monde vers le haut dans la bonne humeur. La preuve : le mètre de brioche locale partagé par l’ensemble de la flotte lors du petit déjeuner de dimanche matin. Du bon temps entre amis qui vaut de l’or !
Cette semaine je reste à Genève avec mes amis suisses pour faire un gros chantier d’optimisation du bateau. Au programme : des modifications majeures de la géométrie du bateau pour gagner en vitesse. Ca fait quelques semaines que je prépare cela et là j’ai une semaine pour tout faire et les valider.
C’est un gros chantier mais ma philosophie est que pour gagner, il faut garder un cran d’avance sur ses concurrents au niveau technologique. Affaire à suivre !
– Crédit photo Martina Orsini –