Il faut en avoir, pour accepter la frustration que nous procure ces bateaux, où les heures de navigation (certes incroyablement géniales) nécessitent de longues heures de préparation, surtout quand on modifie lourdement le bateau comme c’est mon cas… 

Aujourd’hui, je dispose d’un bateau de géo-trouve-tout où tout est réglable, un formidable outil d’ingénieur où je m’éclate à essayer de comprendre les phénomènes et améliorer la marche du bateau, mais c’est au prix de longues (très très longues…) heures de mise au point.

Un exemple : ces 3 derniers jours, j’ai réussi à clore le dossier du gréement réglable, où il faut avoir assez de démultiplication, mais aussi une plage de réglage assez étendue pour pouvoir basculer le mât dans tous les sens. Jusqu’ici, je n’avais pas assez de plage de réglage, et donc j’ai imaginé puis réalisé une 3e version du système, qui maintenant, fonctionne vraiment bien ! ouf !

Une fois sur l’eau, pour tester cela et m’entrainer pour la course, c’est au tour du cunningham de bôme (le cordage qui tire à l’avant de la voile vers le bas pour aplatir et vriller la voile) de me lâcher… Un noeud – que je surveillais depuis quelques jours – qui faisait office de butée a glissé en tout début de navigation. J’avais prévu de le changer ce soir après la navigation… Il est minuit et je viens juste de finir, si j’avais décidé de le faire avant, je n’aurais jamais été sur l’eau ! Du coup, j’ai un peu écourté la séance, comme je ne pouvais aller vite au près je me suis concentré sur les allures de portant, où j’allais plutôt vite par rapport à mes concurrents. C’était le dernier point indispensable de la to do list avant les championnats ! Maintenant, il reste encore pleins de petits sujets plus ou moins importants, à ce niveau plutôt moins que plus, mais vu le niveau de la flotte et l’exigence du bateau, chaque petit rien peut faire la différence, donc je ne vais pas m’arrêter en chemin, tout comme mes petits camarades, d’ailleurs…

Ca, c’est un petit aperçu de ma journée, où on est capable de passer 2h pour faire passer un micro cordage dans un micro logement à moitié tordu et plié en 4 sous le bateau… Evidemment, sur le parking au Japon, et sans les outils du chantier, il faut savoir être inventif pour trouver les solutions à nos problèmes quotidiens. Heureusement, la solidarité de la flotte fonctionne à fond, et tout le monde se prête outils, coup de main etc. !

C’est ce travail de mise au point qui s’achève – péniblement je le concède – après les mois d’hiver. J’avoue sans honte avoir fait 6 versions de gearing différentes (réglage de l’asservissement du foil) , 3 versions de Cunningham, de réglage d’étai et de haubans. On voudrait toujours pouvoir plus naviguer, mais quand on utilise son bateau comme un outil d’ingénieur, il faut savoir apprendre, la patience !

Demain commence le championnat national japonais, prélude au mondial qui va suivre, alors place à la compétition ! J’ai une furieuse hâte d’aller en découdre, pour trouver que mon navire volant soit réellement devenu supersonique… On va vite savoir ! D’ici là, au dodo !