La dernière course de la saison de Moth, quatrième et ultime étape du Moth Eurocup, s’est déroulée à Marseille du 12 au 15 octobre. Après 3 victoires de manches et deux manches de second, le skipper nantais Benoit Marie qui venait défendre son titre de l’an dernier fait un doublé dans la rade de Marseille et l’emporte pour finir sa saison en beauté.
Retour sur cette course dans des conditions de vent faibles qui ont finalement permises aux Moth de prendre leur envol :
Benoit, tu viens de remporter Marseille One Design, raconte-nous ton championnat ?
« La météo prévoyait un vent nul sur les 3 jours de compétition… Il a donc fallu revoir le schéma de course avec l’organisateur pour faire un rond de course séparé des catamarans GC32 pour saisir les opportunités de navigation quand elles se sont présentées. Nous avons donc simplifié au maximum les parcours et c’est dans un vent faible de 7 à 9 noeuds que nous avons pu courir 5 manches, tout juste assez pour voler. La bagarre en tête de flotte était intense avec mon camarade Suisse David Holenweg très en forme, mais au final j’ai réussi à remporter 3 manches d’affilées pour finalement garder un point d’avance sur lui et l’emporter pour la seconde année consécutive. Notre duel a tourné en match racing et la victoire s’est jouée sur de menus détails, la précision du lancement sur les départs, la bonne gestion des lay-lines, la réussite de toutes les manoeuvres sans toucher l’eau. Dans ces conditions légères, le Moth est un bateau absolument fantastique qui permet d’aller 2 fois plus vite que le vent. Mais en cas d’erreur, les erreurs coûtent très cher en distance. Au final, notre écart à l’arrivée n’est que de quelques secondes, alors que le reste de la flotte était reléguée assez loin derrière.«
Tu es donc pleinement satisfait de ta course ?
« Je suis globalement content oui, j’ai su tenir la pression et retourner le duel à mon avantage. J’ai aussi et surtout vu une très nette progression technique sur mon bateau depuis le Mondial, avec un gain de vitesse et de manoeuvrabilité. Il était bon de prendre un peu de recul pour continuer les projets de développement. J’ai retrouvé mon aisance en manoeuvres, j’ai progressé en vitesse, même si les gains de mon gréement modifié sont surtout effectifs dans un vent plus fort. Dans le vent faible cela m’handicape légèrement pour décoller mais dès que le bateau vole, j’observe un gain qui augmente à mesure que le vent se renforce. Gagner dans ces conditions ultra légères montre que le bateau fonctionne bien. Il reste encore pas mal de détails à peaufiner mais c’est très satisfaisant d’atteindre ce niveau de performance. »
C’était la dernière course internationale de ta saison de Moth, qu’en retiens tu ?
« 2017 pour moi fut une saison à double tranchant. Elle avait commencé sur les chapeaux de roues en remportant le premier Act des Brittanies Moth Series à La Forêt-Fouesnant, mais mi-Mars, alors que je reprenais mes entrainements, j’ai été victime d’un accident de voiture assez grave qui m’a mis sur la touche pendant 3 mois au plein coeur de ma saison de course. C’est aussi pendant cette période que François Gabart m’a choisi pour embarquer sur The Bridge à bord du trimaran MACIF qui restera sans aucun doute un des meilleurs moments de ma vie. J’ai envie de croire que c’est une chance qui m’a été offerte grâce à cette mauvaise épreuve, qui a décuplé encore plus mon envie de naviguer. Je savoure d’autant plus intensément chaque petit plaisir de la vie et je mesure encore plus l’immense chance que j’ai de vivre ma passion ! Finir sur une victoire sur la dernière épreuve de la saison, c’est évidemment très motivant et ça crédibilise ma démarche de développement qui m’est chère. »
La suite alors, c’est quoi ?
« J’ai encore quelques finitions à apporter sur mon Moth Volotea, mais on commence à rentrer dans les détails ! Avec le TechnoCentre d’Airbus Nantes, nous envisageons une nouvelle version de ma bôme coudée qui incorporerait les systèmes à l’intérieur du tube, pour gagner en poids et en efficacité aérodynamique. J’ai aussi un jeu de foils en cours de réalisation qui comporte quelques innovations qui semblent intéressantes. Mais surtout, cet hiver je vais me rattraper de mon année chez le kiné, et je vais le passer sur l’eau à m’entrainer avec les meilleurs pour arriver hyper prêt aux prochains championnats du monde qui auront lieu fin Mars aux Bermudes. A coté de cela, j’ai aussi quelques autres projets, que ce soit avec MACIF sur le développement du trimaran ou sur d’autres bateaux de différentes tailles, j’ai plusieurs dossiers en cours, qui sont assez sympas je pense mais dont il est un peu tôt pour en parler ! Ce que je peux dire c’est que je vais tâcher d’affiner mes sensations pour affûter mes compétences de pilote de test au service d’autres projets. »
L’anecdote marquante de ta saison ?
« Humm ! Difficile de choisir un seul moment. La bagarre lors des départs du rond or du championnat du monde fût clairement incroyable. J’ai le sentiment d’avoir pas mal appris en sortant de ma zone de confiance et au contact de tous ces champions olympiques ! Mais les levers de soleil sur The Bridge, au beau milieu de l’Atlantique, à la barre de l’un des meilleurs bateaux du monde entouré de notre dream team, à foncer dans la brume du Gulf Stream, accompagné de cette vie marine luxuriante, ça, ça restera très longtemps gravé dans ma mémoire. J’aime profondément la course au large, et j’espère pouvoir remettre cela rapidement… En multicoque si possible ! »
Photos : Pauline André