Voilà, c’est fait, le championnat vient de se finir, le verdict est tombé, et c’est sous le numéro 7 que je vais courir jusqu’au prochain mondial de Moth (les 10 premiers ont le droit de porter leur classement au dernier mondial dans la voile), et ça, c’est la grande classe ! 
En fait pour moi, le Moth c’est ce qui se fait de mieux en dériveur, de plus difficile, de plus instable, rapide et technique. Ce bateau est un cheval fougueux qu’il faut dompter, dans toutes les conditions, avec beaucoup de finesse et d’explosivité. C’est pour cela que les meilleurs marins de la planète s’entraînent sur ce support, pour apprendre, progresser… Le niveau est dingue et les courses se jouent sur des petits riens, à très hautes vitesses ! 
Rentrer dans le top 10 mondial est juste inespéré, et résonne comme une vraie victoire, comme l’aboutissement d’un travail de patience, de développement technique et humain dont je suis très fier. Si on m’avait prédit cela voici 4 ans quand j’ai tiré mon premier bord en Moth après la Mini Transat, j’aurais eu du mal à le croire. Mais c’est la réalité ! J’ai le sentiment d’avoir réussi là un de mes meilleurs championnats, d’avoir énormément progressé ces derniers temps sur différents aspects, techniquement et personnellement et c’est super satisfaisant de voir que ça marche si bien ! 
Maintenant et comme toujours je garde la tête froide, je vais analyser tout cela de manière objective pour continuer à progresser (il en reste 6 devant!) et je regarde vers l’avant. Je n’ai pas encore atteint ma limite et je sais comment faire mieux, et c’est ce que je vais aller chercher aux prochains championnats. Je vais continuer ma démarche d’ouverture en naviguant sur des supports différents, qui m’apporte tellement. J’ai bien vu que d’aller naviguer sur la glace à 45 noeuds ça m’a apporté des super choses : par exemple maintenant à 30 noeuds en équilibre sur les foils c’est de la croisière, le niveau de stress descend et mon cerveau est plus disponible pour la performance… Un exemple parmi tant d’autres ! 
J’ai aussi envie de continuer à évoluer en équipage, parce que j’aime partager ça en équipe, j’espère pouvoir en refaire tout bientôt ! 
Petit retour sur le championnat :
Arrivé voici 2 semaines sur ce superbe archipel posé sur une nappe d’eau turquoise au large des côtes américaines, nous avons pu naviguer dans des conditions musclées voire très musclées (beaucoup!) à médium (un peu)… Mais malheureusement les conditions n’étaient pas vraiment favorables et souvent nous avons dû rester à terre à cause de soit trop soit pas assez de vent. C’est un peu binaire le vent ici à cette période de l’année. Ce qui veut dire que sur l’eau il fallait être en forme et percutant dès le début du championnat. 
Une première journée de course préliminaire au mondial pour le national des Bermudes qui s’est bien passée (j’ai fini 6e après 4 manches!) et le mondial a commencé… Par une première journée très ventée, entre 20 et 30 noeuds où le jeu était de limiter les risques pour faire le parcours en mode semi survie. 
Dans ces conditions le bateau est ultra technique et on a vu pas mal de monde avoir de vrais problèmes à faire le parcours… De mon côté ça s’est bien passé et je m’en suis bien sorti. Le bateau fonctionnait bien et je n’ai pas fait de grosse erreur, même si je me suis fait secoué fort par des méchantes rafales à certains moments, comme sur ce bord de près où j’étais second, je me suis fait totalement expulsé par une claque ultra violente… Le temps de ressaler le bateau c’est Francesco Bruni qui me double que je vois faire un tour complet… dans les airs, avec les 2 foils hors de l’eau ! Quand on se met à faire du freestyle avec nos engins, c’est qu’on est proche de la limite quand-même ! Mais je m’en suis sorti avec deux belles manches de 8ème puis de 4ème donc super content, à 3 points du podium. 
Le second jour était encore fort mais un peu plus sous contrôle quand-même, mais dans ces conditions, il faut être lourd (je suis léger…) et faire du rappel sans faire attention à la douleur (ce que les olympiens savent faire mieux que quiconque!). Du coup un peu moins à l’aise sur le bateau mais je rentre toutes mes manches dans le top 11 quand-même, au terme d’une journée de bagarre avec le groupe de tête qui va vraiment très vite, mais dont je fais dorénavant partie! 
Le reste du championnat sera une longue attente de 4 jours sans vent… Dimanche, pour le dernier jour, sous un gros nuage on a bien lancé une manche, mais qui a été annulée car le vent nous a lâché peu après le départ… Juste à temps pour voir que dans ces conditions légères, mon gréement à effet de plaque fonctionne à merveille, en croisant devant le champion du monde, en tête de la meute… avant de tomber des foils! Dommage qu’on n’ait pas eu de conditions plus favorables comme celles-ci, j’aurais peut-être pu faire encore mieux ! 
Pour cela aussi ce championnat est une immense satisfaction : j’ai tellement travaillé sur mon nouveau gréement, dont la mise au point a été plus longue que prévue mais qui aujourd’hui donne entièrement satisfaction. Paul Goodison, triple vainqueur, a d’ailleurs fait un commentaire vraiment flatteur en disant que ma solution était probablement la seule vraiment pertinente. Ca fait chaud au coeur ! 
J’en profite pour remercier chaleureusement Gautier Destombes, Jean Martin Laffaille et tous les autres qui m’ont donné un sacré coup de main pour construire cette fameuse bôme coudée au Technocentre de Bouguenais (le centre de recherche en matériaux composites d’Airbus à Nantes) avec les chutes de carbone des avions… Merci à vous tous les gars et faites chauffer l’autoclave pour la prochaine version ! 😉 
Merci également à Simon Maguire et son équipe (le constructeur de mon bateau, l’exocet) pour le super travail qu’ils ont réalisé en amont et sur site, leur disponibilité est incroyable et leur bateau au top du top, chapeau les gars! 
Mais surtout, ceux qui méritent les plus grands remerciements sont mes fidèles partenaires : VOLOTEA, ADIM Normandie – Centre et ADIM Ouest, LAGARDERE TRAVEL RETAIL sous la marque RELAY, et tous les autres partenaires techniques sans qui toute cette aventure n’aurait jamais été possible. 
Du fond du coeur, un immense merci, cette victoire (car c’en est une !) est à vous ! 
Benoit 

Photo : Top 10 Bacardi Moth Worlds 2018. Crédit : Beau Outteridge