Le national moth France s’est déroulé du 10 au 12 mai sur le lac de Cazaux en Aquitaine avec 25 concurrents sur le plan d’eau, la classe Moth confirme ainsi son développement avec ce record de participation.
Pour cette première course en Moth de la saison, cette régate était l’occasion pour Benoit de non seulement se remettre en jambe et de regoûter aux sensations à bord de sa monture en compétition mais aussi de valider les développements techniques effectués cet hiver : une nouvelle grande voile (toujours en cours de développement), un nouveau mât, des nouvelles lattes de GV, et de nouveaux carénages aéro.
Les conditions météo très variées (entre 4 à 25 noeuds) ont permises au comité de lancer 8 manches sur ces trois jours de courses ; Benoît remporte l’intégralité des manches et termine champion de France de Moth !
Interview de Benoit : « Vraiment content de remporter ce National en faisant le grand chelem » :
« Vraiment content de remporter le national Moth 2019 à Cazaux devant 23 autres français et 1 anglais. D’une belle manière en plus en faisant le grand chelem : j’ai remporté les 8 courses des 3 jours de régate, avec en général pas mal d’avance en plus. J’étais à l’aise sur mon bateau en manoeuvre, en vitesse, sur les phases de régate sur les lay lines et j’étais en phase en tactique. Un de ces championnats où tout se passe dans la facilité… C’est assez rare pour le souligner ! C’est le fruit de beaucoup de travail sur le bateau et sur moi-même et c’est agréable de voir que les efforts finissent par payer !
Je venais à ce championnat pour reprendre mes sensations et découvrir ma nouvelle voile, le second prototype que l’on a conçu cet hiver avec l’anglais Kevin Ellway, le designer de mon bateau (Exocet) et le hongrois Marton Balazs, de la voilerie 1D, qui l’a fabriquée. L’objectif était de sortir une nouvelle voile plus efficace et pour cela on est reparti d’une feuille blanche. Etudes numériques en fluide potentiel 2D, 3D, puis CFD lourde pour la partie basse « Decksweeper », essai d’un premier proto intéressant, travail sur les lattes, le mât, le gréement… C’est un peu sans fin et malgré quelques petits problèmes pour passer les cambers de la voile dans les virements (résolus le dernier jour), la voile semble donner entière satisfaction. Je suis vraiment impressionné par la qualité de ce second jet !
La voile va repartir chez son fabricant pour quelques modifications, histoire de s’approcher de la perfection pour la prochaine échéance qui aura lieu dans quelques jours au Portugal pour le championnat d’Europe de la série. Mon nouveau mât, fait en collaboration avec mes amis de la glace tchèques Compotech est lui malheureusement arrivé cassé par le transporteur… Mes nouvelles lattes customs arrivent cette semaine. Bref, pas mal de travail en cours sur le « moteur » du bateau, son gréement, et les différents carénages aéro qui organisent les flux d’air autour de la coque et le pont du bateau qui est hyper intéressant et me fait progresser techniquement.
J’ai passé beaucoup de temps avec l’équipe cet hiver à préparer cela devant mon bateau et mon ordinateur et maintenant il est temps de faire aller cela vite sur l’eau. La phase sympa de l’année commence !
Ce championnat était un mix entre du vent très léger à médium le premier et dernier jour, puis une journée de gros bras avec du vent très fort et surtout très instable le samedi où on s’approchait très près des 30 noeuds au portant ! C’était du pilotage intense, comme j’aime ! Et vraiment content de voir que mon bateau va vite dans toutes les conditions de vent et que je suis à l’aise dans son utilisation. J’ai hâte de me mesurer à l’élite européenne de la discipline dans quelques jours !
Une anecdote sympa : la dernière manche, courue dans un vent très instable et faible avec des gros trous de vent et des risées qui descendaient sur le plan d’eau. Comme on va à 2 fois la vitesse du vent, on double les risées et on en sort… Jusqu’à tomber des foils, se faire rattraper par la risée de derrière et redécoller avec elle. Sur la dernière manche je tombe des foils à 100m de la bouée sous le vent, en tête, puis Aymeric Arthaud me rattrape, s’arrête à 2m à côté de moi… Je vois une risée qui descend, avec 5 autres bateaux en bordure de risée, et on repart tous ensemble ! Ca veut dire que la course n’est jamais gagnée, ni perdue tant que la ligne d’arrivée n’est pas passée, et même si l’écart est de plusieurs centaines de mètres ! Sur le près suivant, à la bouée au vent il se passe presque la même chose et les deux premiers, alors 100m devant tombent des foils entre les deux bouées au vent, du coup j’enroule la bouée de gauche en faisant un 180° sur les foils dans le peu de pression qu’il reste, en reprenant le lead… Que je garderais in extremis jusqu’à la ligne d’arrivée à la fin du bord ! Tellement content de faire le grand chelem, devant des très bons marins en plus, ça fait plaisir et c’est de bon augure pour la suite… »
Sportivement vôtre,
Benoit »
Crédit photo : Tamara Klink