Me revoilà en France, avec un sentiment partagé entre la satisfaction d’avoir donné le meilleur de nous et le regret que tout s’arrête en quelques secondes suite à notre démâtage.
Tout d’abord je tiens à féliciter l’équipage de Leyton qui a remporté avec classe la finale du Pro Sailing Tour. Un parcours sans faute pour Sam Goodchild et son équipage cette année puisqu’ils réalisent le grand chelem !!! Encore bravo les boys and girls ! (Oui car il est à noter leur très bonne initiative de faire rentrer des filles dans leur équipage, on aimerait en faire autant car la mixité est un sujet important pour nous aussi donc les filles, n’hésitez pas à nous envoyer vos candidatures !)
Un grand bravo également à l’équipage d’Arkema mené par Lalou Roucayrol et Quentin Vlamynck qui prend la seconde place cette année ! On ne saurait vous remercier pour la belle prise en main que vous nous avez faite.
Bravo aussi à Thibault Vauchel-Camus de Solidaires en Peloton pour cette belle 3e place, et à tous les autres, et spécialement Sébastien Rogues de Primonial qui nous a permis de courir cette course en nous prêtant sa vieille grand voile, et à la voilerie All Purpose pour le prêt du gennacker !
Du point de vue du bilan personnel, voilà ce que j’en retiens :
– d’un côté la déception de ne pas avoir pu courir cette finale jusqu’au bout, nos espoirs s’étant brisés au moment où notre mât s’est écroulé sous charge, et sans que aucun périphérique ne casse et en respectant son utilisation normale. C’est très étrange et ca ne devrait jamais arriver, donc on va continuer nos investigations pour tenter de comprendre ce qu’il s’est passé, notamment en analysant les données enregistrées des capteurs lors du démâtage.
– cette frustration du sportif cependant peut (et doit !) être tournée en quelque chose de positif. Et oui car même si perdre son gréement et voir son navire blessé ça fait vraiment mal au coeur, je réalise après coup que ça nous est arrivé au moment le moins pire. On a pu naviguer un max, apprendre pleins de choses sur notre bateau et ses points forts et faibles, on a navigué un épisode aux Canaries ainsi que la grande finale de 4 jours au contact de nos camarades au départ de Toulon. Je retiens que nous n’avons pas de complexe de vitesse ou de quelque sorte à avoir face à nos concurrents. Nous étions en tête de la course à moins de 0,5 milles de Leyton, le grand vainqueur du tour, après 4 jours à faire des bons coups tactiques à répétition. Je suis fier de mon équipage et de la manière dont on a géré la chose. On a levé le pied la première nuit quand c’était chaud, on n’a pas pris de risques et malgré cela le mât est tombé. Ca veut dire qu’il serait tombé un jour et mieux vaut ici à ce moment-là avoir peu de vent et de mer, de l’eau à courir à la dérive et les secours pas loins qui nous ont permis de tout récupérer, des vieilles voiles archi rincées qu’on a banni pour la suite du programme quoiqu’il arrive, que lors de la prochaine sortie, après le chantier de préparation pour la Transat Jacques Vabre, avec beaucoup moins de temps pour se retourner ou pire, au milieu de l’Atlantique avec du vent fort.. On limite les dégâts clairement, et ça va nous permettre de revenir plus forts, avec un bateau fiabilisé et un mât plus solide. On va reprendre le dossier, analyser, corriger ce qui doit l’être. Il faut rebondir, avancer, apprendre, progresser.
Chaque jour de ma vie c’est mon objectif et je prends cette difficulté comme un autre challenge à surmonter. Ce n’est pas le premier et ça ne sera en aucun cas le dernier. Notre travail de skipper c’est d’accepter ces challenges imprévus et les dépasser, un à un. La victoire sur la Transat Jacques Vabre n’en aura qu’une encore plus belle saveur ! Car je suis persuadé qu’on a l’outil et l’équipage pour jouer la gagne. Mais pour pouvoir continuer à jouer aux avant-postes, il faut vraiment qu’on trouve un ou des partenaires pour pouvoir rebondir vite et réellement avoir les armes prêtes et un bateau au max de son potentiel. On parle de l’équivalent d’un budget de Figaro pour peut-être jouer les honneurs de la ligne avec les Ultimes en Martinique. C’est pour moi le meilleur coup qu’un sponsor puisse faire aujourd’hui, donc on vous attend !
Voilà, du positif il y en a beaucoup, on est clairement dans le match et notre duo complémentaire fonctionne bien, un peu de frustration de ne pas avoir pu sécuriser notre place sur le podium oui mais en tout cas pas d’amertume.
Comme dirait Armel le Cleac’h « ça repart de là ».
A bon entendeur…