Rarement la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre n’avait réservé une entrée en matière aussi particulière. Soumis l’influence d’une dorsale confortablement installée sur la route, les concurrents n’ont d’autre choix que de prendre leur mal en patience, subissant des vents erratiques, aussi volages en force qu’en direction. A bord de l’Ocean Fifty Les P’tits Doudous, Armel Tripon et Benoît Marie restent philosophes et gardent la tête froide face à une situation qui aurait de quoi rendre fou. Le retour d’un semblant de stabilité leur ouvre une fenêtre plus favorable sur la suite et notamment la perspective de recoller à leurs concurrents. Mais une chose est sûre, cette transatlantique, comme beaucoup d’autres, va jouer avec les nerfs des marins… et des terriens. Pour affronter la difficulté et le suspense de cette course, rien ne vaudra alors la douceur d’un P’tit Doudou. !

« Il y a du sport ! »

En mer comme à terre, il est des moments où l’esprit a besoin d’être occupé. A bord d’un Ocean Fifty, plongé au cœur d’une situation météo d’une grande complexité, Armel Tripon a à cœur de partager son quotidien avec son équipe à terre : « Ca ne se passe plutôt pas si mal ! Nous avons retrouvé un vent plus stable depuis quelques heures. Est-ce que ça va tenir ? Ce n’est pas si simple. Nous étions bord à bord avec GCA – 1001 Sourires et ils sont maintenant derrière. Nous espérons que la sortie n’est plus trop loin maintenant. C’est un peu longuet quand même ces zones sans vent, cette traversée de dorsale. C’est toujours un peu stressant de voir les autres partir inexorablement mais on sait qu’en multicoque les distances se font et se défont aussi vite, donc pas d’inquiétude. Le ciel se dégage peu à peu et nous ne sommes pas loin de la sortie. La mer est plate, c’est assez sympa.  Nous sommes sous J1, nous étions sous gennaker tout à l’heure, puis J1, puis gennaker… il y a beaucoup de changements en direction et en intensité. Nous nous amusons bien, il y a du sport ! 

Nous venons de finir deux lyophilisés délicieux, merci Sodebo ! Benoît est allé faire une petite sieste à bord des P’tits Doudous et en attendant, pour moi c’est café et réglages ! ». 

« Ca glisse vers le cap Finisterre et le pays des tortillas ! »

Le temps d’un changement de quart, Benoît Marie prend le relais au clavier pour exprimer le bonheur d’avoir trouvé un trou de souris pour se sortir de ce mauvais pas et celui de partager cette Transat Jacques Vabre avec Armel : « Le soleil est réapparu ! Ça fait du bien de sortir de l’humidité omniprésente depuis le départ, par les embruns puis la bruine et l’air humide de la dorsale. Nous avons été accompagnés par des dauphins joueurs une grosse partie de la nuit. Nous entendions leur souffle autour du bateau. C’était, j’en suis sûr, un bon présage. Ils nous ont guidé vers la sortie et après être passés à 200 m de GCA – 1001 Sourires et s’être arrêtés ensemble, nous sommes repartis avec le nouveau vent et au dernier pointage, nous leur avions mis 18 milles ! Ça fait plaisir d’avoir trouvé la sortie en premier du groupe de l’Ouest. En ce moment, sous gennaker, ça glisse vers le cap Finisterre et le pays des tortillas ! Nous avons hâte d’enlever des couches de vêtements mais déjà il fait moins froid. Nous avons trouvé notre rythme et c’est fluide à bord. J’ai pu dormir ce matin et maintenant c’est Armel qui se repose. De quoi charger les batteries pour attaquer la suite. Il va y avoir pleins d’opportunités mais nous sommes tous les deux contents d’être là, en mer en train de faire la Transat Jacques Vabre ! ».